Traitements anesthésiques à visée psychiatrique

De quoi s’agit-il ?

Certaines approches thérapeutiques récentes utilisent, dans un cadre de surveillance stricte, des médicaments anesthésiques administrés à faibles doses pour agir sur les symptômes de troubles psychiatriques résistants.

Contrairement à une anesthésie classique, il ne s’agit pas d’endormir le patient pour réaliser un geste chirurgical, mais d’exploiter des effets spécifiques sur l’activité cérébrale et la chimie du cerveau.

Ces techniques peuvent apporter une amélioration rapide de l’humeur, parfois en quelques heures, là où les antidépresseurs mettent souvent plusieurs semaines à agir.

Elles sont proposées uniquement après une évaluation complète, en complément ou en alternative aux traitements déjà essayés, et sont toujours réalisées en ambulatoire, sous la surveillance d’une équipe formée à la psychiatrie interventionnelle et à l’anesthésie.

En plus de la kétamine, nous proposons deux approches spécifiques : les perfusions de dexmédétomidine et les inhalations de protoxyde d’azote.

Elles ne conviennent pas à toutes les situations et ne sont jamais une solution « miracle». Leur intérêt réside dans la rapidité d’action et, dans certains cas, dans une meilleure tolérance par rapport aux traitements classiques.

Dexmédétomidine (seule ou associée à la kétamine)

La dexmédétomidine est à l’origine un médicament utilisé en anesthésie et en soins intensifs pour ses propriétés sédatives, anxiolytiques et analgésiques, sans provoquer d’arrêt respiratoire.

Administrée à très faibles doses sous surveillance étroite, elle agit sur des récepteurs spécifiques du cerveau (récepteurs alpha‑2 adrénergiques), modulant ainsi certaines voies impliquées dans l’anxiété et la régulation de l’humeur.

En psychiatrie interventionnelle, elle peut être utilisée seule ou associée à la kétamine  : cette combinaison permet parfois de renforcer et prolonger les effets bénéfiques, tout en modulant l’intensité de l’expérience ressentie par le patient.

Efficacité et bénéfices

La dexmédétomidine peut exercer un effet antidépresseur direct, en plus de son action sédative et anxiolytique. Ce potentiel reposerait sur la modulation de l’activité noradrénergique centrale et des interactions indirectes avec les voies glutamatergiques NMDA.

Les effets sont perceptibles durant la séance et dans les heures qui suivent  : apaisement, réduction des ruminations, regain d’énergie ou d’envie de réaliser certaines activités.

L’enchaînement de plusieurs séances espacées sur quelques jours à quelques semaines permet de consolider l’amélioration.

 Pour qui ?

  • Dépression résistante  : notamment lorsque plusieurs antidépresseurs se sont révélés inefficaces ou mal tolérés.
  • Troubles anxieux sévères  : crises d’angoisse fréquentes, anxiété généralisée nécessitant un soulagement rapide.
  • Situations où un effet calmant immédiat est recherché (souffrance psychique aiguë, troubles du sommeil sévères).
Déroulement du traitement

  • Séance programmée après un bilan médical et anesthésique complet.
  • Administration par perfusion intraveineuse de 60 minutes, dans une salle équipée pour la surveillance continue.
  • Contrôle régulier de la tension artérielle, du rythme cardiaque et de l’oxymétrie.
  • Observation après la perfusion jusqu’au retour complet à un état stable (généralement moins de deux heures sur place).

Le patient ne ressent pas de douleur  ; il peut percevoir une somnolence douce ou une sensation de calme profond pendant la perfusion.

Effets secondaires et précautions

  • Les plus fréquents : baisse transitoire de la tension artérielle, ralentissement du rythme cardiaque, sensation de tête légère.
  • Fatigue passagère dans les heures qui suivent.

Contre-indications

 

  • Certains troubles cardiaques
  • Hypotension artérielle sévère non contrôlée

La combinaison dexmédétomidine + kétamine (Ketadex) peut réduire l’intensité des symptômes dissociatifs provoquées par la kétamine seule, rendant le traitement plus confortable pour ceux qui redoutent ou ne tolèrent pas ces effets, tout en potentialisant l’action antidépressive et anxiolytique.

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Inhalations de protoxyde d’azote

Pour qui ?

 

  • Dépression résistante lorsque les options classiques ne suffisent plus.
  • Patients recherchant une approche non médicamenteuse au long cours (absence de traitement quotidien à prendre).
  • Besoin d’un soulagement rapide : par exemple pour surmonter une période de grande détresse émotionnelle
Efficacité et bénéfices

Les données, bien que moins nombreuses que pour la kétamine, suggèrent que l’effet antidépresseur initial du protoxyde d’azote peut être d’ampleur comparable, avec une tolérance souvent meilleure et moins d’effets dissociatifs.

Le soulagement est souvent ressenti très vite : amélioration de l’humeur, diminution de l’anxiété, sensation de légèreté.

L’expérience est généralement bien tolérée  ; certains patients décrivent une perception sensorielle légèrement modifiée ou une sensation de déconnexion temporaire pendant l’inhalation.

Déroulement du traitement

 

  • Inhalation du gaz pendant  60 minutes, sous surveillance, avec un masque qui couvre le nez et la bouche.
  • Retour rapide à l’état habituel à la fin de l’inhalation : aucun effet résiduel notable au‑delà de quelques minutes.
  • Le patient peut généralement repartir seul après la séance, sauf avis médical contraire.
Effets secondaires et précautions

Le protoxyde d’azote peut parfois provoquer des étourdissements, des nausées, des vomissements et des maux de tête.

Si cela devait survenir lors de l’inhalation, celle-ci peut être suspendue temporairement. Ces effets sont transitoires et disparaissent rapidement.

Une prévention contre les nausées sera prescrite avant le début du traitement, ainsi qu’une supplémentation en vitamine B12.

 

Contre‑indications :

 

  • Respiration nasale limitée (rhinite, sinusite)
  • Occlusion de l’oreille moyenne ou chirurgie du tympan
  • Bronchopneumopathie obstructive chronique
  • Occlusion intestinale
  • Pneumothorax
  • Après certaines interventions d’ophtalmologie (injection intraoculaire de gaz)
  • Embolie gazeuse
  • Carence en vitamine B12 ou folates
  • Grossesse 1er et 2ème trimestre

Avant chaque inhalation, il est demandé d’être à jeun pendant 4 heures pour les solides et 2 heures pour les liquides. Un traitement préventif des nausées devra être pris une heure avant la séance et un complément de vitamines sera prescrit.

Quel traitement choisir ?

La kétamine intraveineuse ou intranasale reste aujourd’hui l’une des références en psychiatrie interventionnelle pour sa capacité démontrée à agir rapidement sur les symptômes dépressifs résistants.

Si la kétamine demeure souvent le premier choix de cette famille thérapeutique, la dexmédétomidine et le protoxyde d’azote constituent des alternatives et des compléments pertinents, permettant d’adapter la stratégie au profil clinique, aux préférences et à la tolérance de chaque patient.

Dexmédétomidine vs kétamine

Traditionnellement considérée pour son effet sédatif et anxiolytique, la dexmédétomidine fait l’objet d’études montrant qu’elle pourrait aussi exercer un effet antidépresseur direct. En pratique, elle peut être envisagée comme puissant potentialisateur de la kétamine — pour atténuer les effets dissociatifs, ajuster l’intensité de l’expérience et additionner ses propres effets antidépresseurs et anxiolytiques à ceux de la kétamine — ou comme alternative lorsque la kétamine est contre‑indiquée, mal tolérée ou si l’on cherche à éviter les effets dissociatifs.

Protoxyde d’azote vs kétamine

Les données disponibles, bien que moins nombreuses que pour la kétamine, suggèrent que l’effet antidépresseur initial du protoxyde d’azote peut être d’ampleur comparable, avec une tolérance souvent meilleure. Le protoxyde d’azote constitue ainsi une option rapide et non invasive, aucune perfusion ni injection n’étant nécessaire. Les effets dissociatifs sont minimes et le retour à l’état de conscience habituel est extrêmement rapide après les inhalations.

Technique Administration Rapidité d'action Durée de l'effet Points forts Effets secondaires
Kétamine Perfusion IV lente Quelques minutes à quelques heures Jours à semaines Action intense et rapide sur l’humeur Dissociation, augmentation de la tension
Dexmédétomidine (± kétamine) Perfusion IV lente Quelques minutes à quelques heures Jours à semaines Apaisement marqué
Action intense et rapide sur l’humeur
Diminution de l'anxiété
Très bonne tolérance
Combinable avec la kétamine
Baisse de tension, bradycardie, fatigue
Protoxyde d'azote Inhalation Effet immédiat Jours à semaines Action rapide, bien toléré, expérience courte, non invasif Vertiges, nausées

Ces traitements sont-ils pris en charge par les assurances ?

Les perfusions de dexmédétomidine et les inhalations de protoxyde d’azote ne sont pas remboursées par l’assurance de base ni par les assurances complémentaires en Suisse.

Les traitements, qui comprennent les interventions et surveillances des spécialistes en psychiatrie et en anesthésie sont donc à la charge des patients.

Vous pourrez obtenir plus d’informations concernant les tarifs et modalités de paiement sur simple demande.

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